Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Rond
  • : Espace de mots - entre poésie et pas poésie.
  • Contact

Profil

  • Matthieu Gaines
  • Amateur, dans le désordre, de littérature, de poésie, de musique, enfin de tous les mots.
  • Amateur, dans le désordre, de littérature, de poésie, de musique, enfin de tous les mots.

Recherche

30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 17:38

Le frottement immense des mots, l’encre noire des heures usées, si denses, à polir encore et encore pour faire d’une phrase quelque chose d’un enfer un peu plus doux ;

L’envie de dévorer atome par atome la feuille brûlante, masque autant qu’écrin, extraordinaire train-train, comme le ciel ;

Les couleurs inventées ricochantes d’abstraction, les sons plus lourds, les parfums sourds, les phrases debout, la boue collée aux éternelles que les mots volent avec ;

Et tout l’entre-deux ;

On en parlera, toi et moi, en tête-à-tête et d’être à mot ;

Si tu me suis, si tu me lis, si tu m’écoutes ;

 

On parlera des soirs qui quelquefois s’enlisent, le temps d’un au-revoir ;

On parlera du vent qui souffle de la Chine, qui fait vibrer sans trop qu’ils sachent pourquoi les arbres quand on les regarde ;

On parlera des rois, des rires éclatants de jeunes filles aimées, de l’ombre et du soleil à tartiner dès l’aube ;

On parlera d’une âme hantée par nulle croix, et ronde, une âme-enfant ;

On parlera longtemps, silencieux, comme éteints ;

Si tu me suis, si tu me lis, si tu m’écoutes ;

 

C’est un dialogue lent, plein de pauses, plein d’oublis, de retours en arrière, c’est un dialogue flash-back, à sauts et à gambades, un dialogue à l’espoir, racontar catalogue où tout est à choisir, où les choix se rassemblent, un dialogue racine, ce n’est pas un dialogue ;

C’est un voyage énorme où tu restes immobile et c’est moi qui te quitte, et te guide en avant, un voyage sans but, départ ni arrivée, juste pour le plaisir, c’est un voyage dur, obligatoire et long, qui te laissera, l’œil plus vif et le corps reposé, c’est un voyage multiple et unique à la fois, c’est un voyage tronc, ce n’est pas un voyage ;

C’est un monde nouveau qui a toujours existé, innombrable et irréel, éternel et impalpable, c’est un monde où toi seul et moi seul avons droit de cité, aussi complexe que tu veux, aussi riche que je peux, un monde bien fermé et sans limite aucune, où l’infini s’arrête au bout du paragraphe, un monde qui s’étend chaque fois que tu le parcours, un monde ouvert en haut, un monde branche et feuille et ce n’est pas un monde ;

 

À toi de décider, si tu me suis, si tu me lis, si tu m’écoutes.
Partager cet article
Repost0
24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 21:32

 

Dans les chants bleus des rocs qu’on laisse évaporer

J’ai glissé ta rencontre un soir près des rivages

On sentait dans l’eau fuir presque un septembre en cage

Un automne avançait silencieux et doré

 

Dans les champs noirs de blé qui marquent nos passages

La fuite avait un goût de rendez-vous rêvé

Mon souffle s’accordait à la brise lovée

Autour du tien brûlant comme un été sans âge

 

Dans l’échange entre-deux toujours teinté d’obscur

Seuls nos yeux éclairaient la route au tracé pur

D’un monde à l’autre enfin tout basculait l’échange

 

Qu’on vit toujours après comme on oublie de voir

Se révélait saillant devant nous pleins d’espoir

Et ce soir-là j’ai vu dans tes yeux tout l’étrange.

 


Partager cet article
Repost0
14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 17:54

Les éclipses ont commencé à sombrer quand les jours, immenses, se sont tus d’avoir trop espéré, trop menti. Peut-être les couleurs, récurrentes jusqu’à la nausée, jusqu’à l’abstraction, sauront sauver encore quelques instants, en deçà du visible, de tout ce monde hanté qui croule ; mais rien n’est moins sûr.

 

Les étroites secondes même, derniers bastions d’éternité rêvée, profitent de la cataracte pour se dévider follement, engloutissant d’un battement de leurs ailes figées le blanc.

 

Toujours la même, à mon côté, tu te tiens dans l’ombre du vent. Plus pâle et plus sincère on aurait la neige seule, et le silence est la couleur de tes yeux.

 

Chaque couplet s’égare la rime est blanche, c’est la moire absolue du sphinx posé sur ton épaule, voix solitude qui m’accompagne, toujours la même, à mon côté. Le sphinx, terreur, j’en crie de tant d’étrange, a posé sa patte grêle sur ma bouche en pleurs.

 

Si je parle, lenteur pastel de mes verbes, sois profonde ! C’est le rayon d’obscur qui ne rend pas aveugle mais sourd. Combien de couleurs ne sont pas entendues, dans le temps de l’insecte… et j’ai besoin de l’autre comme un œil, après le temps qui se vide.

 

Après le blanc qui se ride, et la douceur sous moi d’un autre éternel, au-dessus de mes yeux éveillés comme des fenêtres, tous les ciels défilent du rouge au violet. Tu les as peints, jusqu’au dernier, je n’ai fait que tendre le pinceau parfois sauvage et parfois hébété d’un moment prêt à tout.

 

Toujours la même à mon côté, tu te tiens dans l’ombre du vent, si pâle et si sincère on dirait le silence.

Partager cet article
Repost0
9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 15:26

Dis cet instant fragile où ce qui n’est encore,

Neuf, à peine esquissé, qu’un ténébreux frisson,

– Oui, tout est dans l’obscur avant la prime aurore –

S’est tourné vers le jour, vivant ; le premier son.

Si ce moment, fugace ainsi qu’un météore,

 

Saint comme ne le sont que les anciens héros,

Quatre fois survivant d’avoir choisi de vivre,

– Troie l’aurait acclamé, Rome aurait dit « Bourreau ! » –

De tout son jeune orgueil de liberté s’enivre,

Un mot : avant ta voix il n’était que zéro.

Partager cet article
Repost0
16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 22:05

Les portes qui, jeune, ouvraient aux étoiles invisibles nichées au-delà du plein jour, qui mêlaient du safran de l’été à toutes les bourrasques de feuilles, l’or se fondant en l’or,

les portes lourdes et rauques, de tabac et de nuage immense, réconfortant les paupières fermées

les portes fraîches fantasmées de joues cramoisies, toutes en une, cascade de rire liquide et la brillance de tes yeux…

 

Les portes, bleues comme mon cœur et comme la clarté – quelle clef battement musique étoile, quels pays inventés, quels miroirs leur répondent ?

Les portes du mouvement

Les portes se sont tues, closes, sur le ciel figé. À l’encre sèche on lit encore, gratté jusqu’à la peau, les soleils souvenirs : les crépuscules renversés parmi les saules, et les matins cachés sous tant de givre clair qu’à peine on pouvait lire aux gouttes silencieuses un hiver éclatant.

 

Les portes ne comptent plus les vibrations des rocs entremêlés.

 

Les portes ont brisé, évanouies presque, les échos. Éternités qui nichent en moi, vibrantes, vivantes alors que minérales, altérées dans le jour, sous la voûte étrange je demeure comme en exil. La plus belle est un rire, et je ne l’oublie pas – et l’antérieur toujours vient m’attirer plein d’ombres.

 

Les portes, ce sont elles, ont mêlé l’ambre au soir – Et refont sous mes yeux un champ de souvenirs. Tant d’espoirs, tant de rires.

Partager cet article
Repost0
14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 19:06

Mes voiles de papier ont jeté l’encre amère

et je n’écris plus larme et soupir qu’à regret

voyez doux charognards mon cœur plein de délices

se couche reposé lorsque mon stylo crisse

 

gageure écrire heureux tant le malheur inspire

tant vos soleils de moi chassent les pluies d’automne

tant je ne sais que dire isolé sur mon livre

quand je ne sais me taire avec vous tout est vivre

 

quand les jours seront longs de poussière et de calme

me souviendrai-je encore à mes yeux l’étincelle

et rirai-je en mémoire à vos visages vieux

lorsque je n’aurai plus en mon ventre ce feu

 

à vous mes jours novembre et mes nuits ensablées

quand je prends du recul presque étranger j’écoute

et j’ai le cœur serré d’alors prendre conscience

étant à vos côtés d’avoir autant de chance

 

tous vos noms sur ma lèvre ainsi qu’autant de vins

délicieux j’ai laissé des doutes sur les vôtres

tout plutôt qu’oublier si le silence est d’or

je suis pauvre avec vous d’aimer tant rire encore

 

 

 

J’écris pour toi si loin que je n’oublie jamais

pour toi qui me fait rire aux octobres pensées

pour toi qui sait tout perdre et conserver l’espoir

pour toi dont l’œil lumière aveugle mon œil noir

 

pour toi qui m’avais vu naître presque et grandir

et qui proche ou perdu est une part de moi

pour toi que je connais si peu plein de secrets

et que je voudrais voir toujours à mes côtés

 

j’écris pour vous toujours quelque soit mon visage

il n’est jamais qu’un masque à votre vérité

et j’ai tant à vous dire et tant mon cœur s’envole

que j’oublie devant vous et j’en perds la parole.

 

 

 

Ce texte est écrit pour vous, que je côtoie tous les jours et avec qui je passe tant de temps ; pour vous que j'ai connu autrefois et dont les chemins ont pris une autre direction que la mienne ; pour ceux à qui j'ai dit que je vivais à leurs côtés les meilleures années de ma vie. Je n'ai qu'un seul souhait aujourd'hui : me souvenir de ces instants à vos côtés dans dix ans, dans cinquante ans, et rire en me rappelant.

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 18:01

Souvent ton œil troublé dans le silence éclot,

Timide et fabuleux soleil toujours couchant

Versant le crépuscule et l’aurore à mon chant,

Et m’y fait lire enfin le ciel secret de l’eau.

 

Il est muet ce blanc qui tourne alors au noir,

Et cette œuvre inquiétante est aussi mon salut :

Comme se meurt mon chant aussitôt qu’il t’a plu

Rien ne vit de mes vers sinon qu’en ton miroir.

 

C’est la clarté des cieux, les ténébreux abîmes,

Et c’est tout l’infini qu’entre eux j’oublie souvent,

Me projetant à nu toute mémoire au vent,

Qui font chaque fois naître à ton œil d’autres rimes.

 

Toujours ton œil muet, oracle de mystère,

Océan d’éternel, ton œil éclair furtif,

Ton œil sophistiqué, noir et blanc, primitif,

Ton œil plein de cette ombre est toujours ma lumière.

 

À Charlotte

Partager cet article
Repost0
1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 09:22

 

Ses cheveux d’octobre lui pleurent parfois dessus

il aime cette fraîcheur lavée qu’elle a

quand il ouvre ses branches pour l’accueillir

l’enserrant fort de peur et de joie

 

ils sont tous les deux plus forts et plus fragiles

de cacher leurs sourires

à n’écouter qu’eux-mêmes ils se croient géants

et rient d’être petits

 

dans cet abri plein d’éclat écoutant les heures immobiles

ils s’espèrent l’un l’autre et leurs mains parlent pour eux

regardent pour eux

ils ont ces yeux de bonheur violent qui dévorent l’intermédiaire l’entre-deux

 

ne laissant qu'un instant

l'impression de vouloir toucher du bout des doigts

leur temps à eux

et ses cheveux d'octobre qui lui pleurent dessus.

Partager cet article
Repost0
29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 16:08

Suspendu dans le vide empli d’entre-deux

ton regard m’essouffle. Égaré je tressaille

et chaque fois m’absente à chercher les failles

à m’y raccrocher. Dans cet espoir hideux

 

tant de journées passées tant de ces batailles

lentement rongé mon cœur s’effondre odieux.

Dans la lumière crue ton rire me raille.

 

Suspendue dans l’air ta voix muette clame

et demande et commande. À mon front noirci

la bulle éclatée passe une étrange lame

 

dont la douleur aiguë murmure imprécis

sans me dire un mot m’engouffre dans la flamme.

Partager cet article
Repost0
16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 15:50

 

Je rêvais l’autre jour au soleil pâle et frais

d’un septembre lavé dans une rue pluvieuse,

et mes yeux s’attardaient sur la façade creuse

d’un immeuble de verre et de béton discret.

 

Face-à-face avec elle, et, comme il me semblait

qu’elle aussi contemplait mon visage, rieuse,

terrifié de sentir cette géante hideuse,

inexorable, lire en moi tant de secrets,

 

je me sentis piégé, capturé, attaché,

et je sentis les mots à ma langue arrachés

se noyer dans l’immense et muette figure.

 

Je repasse parfois devant l’immeuble gris,

mutique ombre en béton qui peut-être a compris

dans l’éternel silence où commence l’obscur.

Partager cet article
Repost0